Discours de N. Sarkozy sur la sécurité du 28/05/09

Je me suis amusé à analyser ce discours qui est disponible sur le site de l’élysée. (www.elysee.fr)

Je ne parlerai pas des réformes et actions qui y sont proposés, ceux qui ont des responsabilités publiques ou les enseignants sont certainement mieux placés que moi pour réagir.

Je passe rapidement sur le fait que, comme d’habitude quand il faut faire remonter les sondages à l’approche d’une élection, il utilise le sentiment de peur, en dressant un tableau apocalyptique de la situation qui serais en train de se dégrader tout en montrant que ses actions, dans ce domaine, ont été efficaces! (c’est un exercice où il excelle)

Je le cite: « La délinquance ne procède que très rarement de la souffrance sociale. La délinquance résulte, simplement, de l’attrait de l’argent facile…Pendant des décennies, l’idéologie dominante était fondé sur l’idée que la misère engendre naturellement la criminalité, qui ne peut donc être traitée que par des mesures sociales. Cet angélisme continue d’imprégner le discours d’une partie des élites Française. Je dit exactement le contraire, c’est la criminalité qui favorise la misère; en aggravant l’exclusion et la stigmatisation d’une partie de la société Française »

Le mot « contraire » laisse entendre qu’il n’y a que deux thèses incompatibles; celle des « angélistes » et celle qu’il décrit. Comme cette dernière est incontestable (les actes de délinquances donnent mauvaise réputation aux cités, ce qui handicape ses jeunes habitants pour trouver du travail), on est incité à en conclure que celle des angélistes est fausse. C’est très fort! Mais en réfléchissant, ces deux thèses, loin d’être incompatibles, sont complémentaires et forment un « cercle vicieux », elles sont le reflet d’une réalité que personne de sérieux, surtout pour la première, ne remet en cause.

En outre la thèse angéliste est quelque peu caricaturée, c’est plus un problème de sentiment d’exclusion ou d’injustice que de misère et ce n’est pas parce qu’on préconise des mesures sociales qu’on est contre toute répression (comme sa phrase le laisse entendre: une présentation plus objective dirais « ….engendre naturellement la criminalité, qui doit donc, entre autre, être traitée par des mesures sociales).

Pourquoi l’attrait de l’argent facile toucherais plus les cités que les beaux quartiers? Serait-ce un clin d’œil à ceux qui pensent que c’est dans les gènes? Je pense, moi, qu’il faut vraiment avoir le sentiment que le marché du travail est inaccessible, pour trouver « facile » de vendre de la drogue ou racketter. J’imagine que garder sa position dans ces milieux ne doit pas être « tranquille » (Pourquoi ne parle t’il pas d’argent facile à propos des « parachutes dorés »?)

La suite: « la crise économique est donc une raison supplémentaire pour renforcer notre détermination à combattre la délinquance »

S’il avait raison, en quoi la crise aggraverait-elle la situation sécuritaire? Il est incohérent, mais pas sans raison: il faut bien justifier la dégradation des chiffres de la criminalité malgré ses précédentes mesures qui l’avais fait baisser (comme il le dit avant, dans ce même discours).

Plus loin: « Lorsque nous avons proposé la peine plancher, avec la garde des sceaux Rachida Dati, ce fut un concert de protestation, y compris chez certains de nos propres amis… elles sont un succès; depuis l’entrée en vigueur de la loi, 14000 délinquants récidivistes ont été condamné à une peine plancher dont 36% de prison ferme, désormais sur le territoire de la république Française, lorsqu’on est récidiviste on est condamné beaucoup plus sévèrement que lorsqu’on est primo-délinquant »

Il semble justifier le bien fondé de cette mesure, mais par quoi? Juste par le fait qu’elle a été appliqué! Il serait plus approprié de la justifier par une baisse de la délinquance par exemple. Mais une écoute rapide donne l’impression que c’est lui qui avait raison, presque contre tous! Étonnant la façon dont il se met en avant, presque contre son parti!: l’efficacité électorale est douteuse mais peut être est-ce plus fort que lui (en tout cas c’est cohérent avec la description de sa personnalité faites dans « Abus de pouvoir »)

« Aucune rue, aucune cave, aucune cage d’escalier ne doit être abandonné aux voyous. Je souhaite que se multiplie, immédiatement, les opérations « coup de poing » dans les cités.. »

Sa solution est présenté comme la conséquence logique de la première phrase qui est une assertion que personne ne peut contester: donc sa solution est la solution et est incontestable! (Cette association d’idées est tellement ancrée dans les esprits, que ceux qui croient en des solutions moins brutales n’osent plus dire que la loi doit s’appliquer partout et à tous, il s’agit pourtant là d’une vision égalitariste parfaitement compatible avec les valeurs de gauche. Je pense que c’est un des gros « boulets » que le PS tire derrière lui.)

Mais est-ce une solution? J’y voit plutôt une réponse à l’instinct animal qui est en nous quand on est face à une situation qui nous révolte, une envie irrésistible d’agir immédiatement et violemment. Car je doute de l’efficacité de telle opération, surtout qu’ils sont prévenus, maintenant!

Je pense que ce discours, dont la plus grande partie est beaucoup plus « sérieuse » que les extraits présentés ici, est un vrai chef-d’œuvre sur le plan efficacité électorale, une écoute « passive » ne peut que convaincre celui qui n’a pas déjà des idées précises sur le sujet.

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Une réponse à Discours de N. Sarkozy sur la sécurité du 28/05/09

  1. bwin dit :

    D’abord, l’analyse est intéressante. Toutefois, elle occulte une donnée constante à tous les dirigeants de ce pays: ils ont les mains liées ! Il y a des contraintes qui dépassent nos gouvernants, simples mortels. C’est la seule chose qui explique pourquoi, de droite, du centre comme de gauche, ils font tous à peu de choses près, la même politique à l’arrivée.

    Michel

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